EDF confirme : Autour de la centrale de Lucciana les habitants respirent des concentrations en dioxydes de soufre supérieures aux normes sanitaires en vigueur. Nous avons eu du mal à nous la procurer et pour cause : la récente étude EDF fait état des conséquences sanitaires liées au fonctionnement de la future centrale thermique de Lucciana qui fonctionnera au fuel lourd.
Les résultats, inquiétants pour la santé humaine, expliquent sans doute la raison de la rétention prolongée de ce document. L’étude nous a vraissemblablement été cachée parce qu’elle démontre que les habitants de certains lieux autour de la centrale sont soumis et seront soumis à des concentrations en dioxydes de soufre supérieures normes sanitaires actuellement en vigueur. En page 13, un tableau (voir ci-dessous) montre que tous les établissements ou quartiers encadrés en rouge (par nos soins) sont actuellement exposés à des concentrations supérieures à la valeur de la norme sanitaire. Même quand la centrale utilise du fioul lourd à très très basse teneur en soufre (TTBTS). Ce tableau chiffre les concentrations de dioxydes de soufre (SO2) dans l’air ambiant en différents lieux autour de la centrale. Il fait apparaître les différences de concentrations en fonction du carburant utilisé : fioul lourd TTBTS ou fuel léger. Inquiétant ! Car le soufre est un gaz irritant. La Direction des affaires sanitaires et sociales explique que « le mélange acido-particulaire peut, selon les concentrations des différents polluants, déclencher des effets bronchospatiques chez l’asthmatique, augmenter les symptômes respiratoires aigus chez l’adulte (toux, gène respiratoire), altérer la fonction respiratoire chez l’enfant (baisse de la capacité respiratoire, excès de toux ou de crise d’asthme) ».
Terminée en juillet 2011, cette étude ne nous a été communiquée qu’en mars 2012 après l’avoir à plusieurs reprises demandée aux préfets comme au ministre (lire). Dès le début du projet la future centrale thermique de Lucciana a été annoncée comme devant fonctionner au fioul lourd. Cette décision a été très fortement contestée par des organisations corses qui se sont fortement mobilisées pour demander le démarrage de cette nouvelle centrale au fioul léger en attendant l’arrivée éventuelle du gaz naturel. Face à cette mobilisation, Jean-Louis Borloo, alors ministre en charge de l’Environnement, a, en 2010, imposé à EDF une étude comparative des résultantes pour la santé humaine d’un fonctionnement de la centrale au fioul lourd (FO2 TTBTS) par rapport à un fonctionnement au fioul domestique (FOD fioul léger). L’étude d’EDF a répondu stricto sensu à la commande (sciemment restrictive) du ministre et n’a calculé les concentrations en différents lieux autour de la centrale que d’un seul polluant : les oxydes de soufre. Elle ne révèle donc que la partie émergée de l’iceberg.
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