Le 8 mai 2012 (www.unita-naziunale.org) [11h25] – La défaite de Nicolas Sarkozy débarrasse définitivement le paysage politique français des scories du rêve gaulliste.
Après avoir assez justement diagnostiqué le « mal français », le président sortant n’a, semble-il, pu ou su mener les réformes à leur terme, ni gagné la confiance de son pays. Sa pensée politique erratique l’aura écartelé entre Atlantisme et Union Européenne,entre De Gaulle et Déroulède,entre Jaurès et Pierre Cardin . Il aura en fin de compte, tenu la gageure à peu de gloire !
Ceux qui croient que c’est la fin de l’histoire vont connaître des réveils difficiles
Car la déconfiture relative du président sortant révèle un certain nombre de problèmes concernant le cœur même de l’organisation politique française et qui dépassent largement le très approximatif clivage gauche-droite.
Exit la vision nationale-républicaine de Charles de Gaulle qui constituait le ressort originel de la Vème République ; archétype du bonapartisme moderne,elle organisait la vie politique,par delà les césures partisanes ,derrière un leader assuré de la majorité.
Mais justement un régime de cette nature ne pouvait s’imaginer sans une personnalité charismatique, au sens littéral du terme. Comparons la composition du1er gouvernement de Michel Debré et celui de François Fillon et tout est dit.
Au lendemain de l’élection de 2012, il est fort probable que le parti directement issu du gaullisme éclate en 2 ou en 3 morceaux, et que la nouvelle droite prenne-ce n’est pas exclu-une place importante dans l’opposition.
Quant au président social-démocrate François Hollande,coincé entre la nouvelle mouture du PCF et les dures réalités de la crise, il va très vite être contraint de démontrer ses capacités de capitaine au long cours. Gageons qu’il saura le faire et que l’on s’apercevra à l’usage que les programmes des deux finalistes se ressemblaient étrangement;au fond tout dépendra de sa marge de manœuvre !
Mais le plus inquiétant demeure la résurgence du nationalisme français qui affleure dans toutes les sensibilités pendant que semble s’éloigner le rêve européen.
Qui peut, en toute honnêteté, distinguer entre nationalisme du FN,du PCF new look,d’une partie de l’UMP ou même de la frange la plus jacobine du PS ?Nombreux sont les téléspectateurs-surtout en Corse- qui auront vu, dans l’apparition spectaculaire du sinistre Glavany sur leur écran de télévision, comme un signe de mauvais augure.
Personne ne doute, dans les chancelleries européennes, des sentiments pro-européens du nouveau président, mais personne ne peut méconnaître qu’il a été contraint de donner des gages aux souverainistes de tous bords ,dans un pays qui ,a-t-il dit « n’est pas comme les autres »: à cet égard, les concessions faites à la partie la plus réactionnaire de la gauche corse sont révélateurs !Et nul ne peut imaginer qu’elles seront sans conséquences pour la paix en Corse.
Les Corses auraient tort d’omettre qu’en fin de compte le problème qu’ils ont avec l’État parisien est essentiellement une affaire de rapport de force géohistorique et que la campagne des présidentielles nous a remis à notre vraie place: nous sommes 400 fois moins nombreux que les Français et deux siècles d’appartenance au système ,royal ou républicain, laissent la Corse en dehors de toute cohérence économique,dans un état de léthargie complet, dans une situation de sous- développement qu’aucun européen raisonnable ne saurait admettre. Lorsque les Corses parlent,non sans fierté,de leur identité,ils ne font pas référence à la légitimité de leurs patronymes ou de leurs origines.
Ils parlent de cette valeur universelle qui fonde la cohérence d’une société et autorise le bien-vivre ensemble. Cette cohésion historique de la société corse lui permet de s’attribuer bien légitimement le statut de Peuple ; elle induit tout à la fois un équilibre social et une pratique culturelle qui lui sont propres. Mais elle implique aussi le refus d’accepter que 25% des Corses vivent en dessous du seuil de pauvreté ce qui ne s’était jamais vu dans une société aussi égalitaire. Les Corses considèrent que l’immigration naturelle qu’ils ont toujours acceptée a enrichi la Corse et longtemps maintenu son équilibre démographique. Mais ils voient bien qu’il en va autrement de l’arrivée forcée et systémique de gens qui n’apportent rien sur le plan de l’innovation économique, de l’amélioration du niveau de vie, fermant plus l’avenir de notre pays qu’ils ne dégagent de perspectives : c’est bien de cette forme insidieuse de colonisation dont il va falloir parler à l’heure où se posera inéluctablement la question du développement économique,de l’équilibre social et de l’épanouissement culturel . Territoire français ou pas,l’Europe,si elle veut exister, ne pourra se permettre le luxe de laisser se développer sur son flanc sud,un foyer de non droit si minuscule soit-il.
Ghacumu Faggianelli
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