Leur maison plastiquée jeudi à la mi-journée à Villanova pendant la visite du ministre de la Justice adressait le message politique des clandestins. Mais les époux Moulon, bâillonnés et ligotés ne veulent pas être réduits à des symboles du rapprochement des détenus dits « politiques. » Le préfet de Corse, Patrick Strzoda indiquait hier à ce titre à l’occasion d’un déplacement à Paris que la priorité était « le suivi des victimes. »
« Un acte qui fait honte à la communauté insulaire »
Dès le départ de la délégation qui s’était rendue sur place après l’attentat, l’enquête, menée un premier temps par la gendarmerie, puis par la police judiciaire, ne faisait que commencer. Les trois bouteilles de gaz reliées à une charge d’1,4 kg d’explosif n’ont pas toutes fonctionné. Le dispositif de l’opération (qui comprenait selon les forces de l’ordre au moins dix hommes et le matériel adéquat) ne fait aucun doute : l’opération était prévue de longue date. Les enquêteurs remettent à présent la suite des opérations à la police scientifique pour détecter de l’ADN éventuel ou des empreintes sur des matériaux. Ces analyses permettent régulièrement de mener les auteurs devant la justice. Quant à la signature FLNC retrouvée sur le bâtiment, celle-ci n’est pas synonyme pour l’heure de revendication.
Sur place aux côtés des victimes le jour même, le député Camille de Rocca Serra a marqué une nouvelle fois sa réprobation hier : « Non content d’avoir détruit un bien qui respectait en tout point les règles d’urbanisme, le commando, a pris en otage les propriétaires, portant ainsi atteinte à leur intégrité physique. » Selon lui, cet acte « fait honte à la communauté insulaire dont les valeurs et l’identité se trouvent une fois de plus bafouées. »
Mais le président du groupe Rassembler pour la Corse à l’assemblée ne manquait pas de rappeler : « Il est aussi indigne sur le plan humain qu’irresponsable sur le plan politique. À l’heure où les élus de la Corse et le gouvernement, par la voie du garde des Sceaux, Michel Mercier, présent dans le cadre d’une visite ministérielle, tentent de trouver une solution pour permettre le rapprochement des détenus sur le territoire insulaire, il semblerait que certains groupes ne veulent pas que l’on avance sur ce point. »
Paul Ortoli
http://www.corsematin.com/article/corse/les-premices-dune-enquete-a-tiroirs
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