Corsica Libera a, officiellement, présenté, dimanche, à Corte ses quatre candidats dans les quatre circonscriptions de Corse pour l’élection législative de juin prochain. L’occasion, pour le mouvement indépendantiste, de réaffirmer son intention d’être présent à chaque scrutin pour mieux défendre et diffuser ses idées. L’objectif est d’obtenir, dans chaque circonscription, le même score qu’aux territoriales.
Il n’a plus cours le temps où les nationalistes se posaient la question de savoir s’ils devaient ou non participer à des scrutins nationaux. C’est dans la nécessité de défendre leurs revendications, tombées aujourd’hui dans le domaine public et largement débattues à l’Assemblée de Corse, qu’il faut chercher la pertinence de leurs candidatures.
C’est, en tous cas, ce qu’expliquent, en chœur, les quatre candidats, qui porteront les couleurs de Corsica Libera aux élections législatives de juin prochain dans les quatre circonscriptions insulaires. Avec, également, pour objectif non avoué de réitérer, dans chaque circonscription, le score de 10 % obtenu par le parti aux territoriales.
L’ouverture au Nord
Ces quatre candidats et leurs suppléants, qui sont tous issus des rangs de l’ex-Corsica Nazione, ont été désignés par les militants.
Pour mémoire, en Haute-Corse, c’est un militant aguerri, membre de l’exécutif de Corsica Libera, Ghjuvan Filippu Antolini qui part à la bataille dans la 1ère circonscription. Ce défenseur de la culture insulaire, historien et archéologue, conservateur du musée d’Albertacce, ancien porte-parole du CAR (Comité anti-répression), est accompagné de Parisa Paolantoni Semari, sa suppléante d’origine kabyle, qui se présente, elle-même, comme « une candidate d’ouverture ».
Un jeune militant
A l’inverse, c’est un tout jeune militant de seulement 24 ans, Petr’Anto Tomasi, qui s’est engagé dans la 2ème circonscription. Mais, ce docteur en droit public à l’Université de Corte, originaire de Casamaccioli au Niolu, n’est pas un novice en politique. Membre du bureau exécutif, il a déjà participé à la campagne des municipales de 2008 à Bastia en tant que vice-président du comité de soutien de la liste Corsica Nazione et a été candidat aux élections territoriales de 2010 en 13ème position sur la liste Corsica Libera. Il est secondé par Véronique Orsini, professeur de sciences économiques et sociales au lycée de Corte.
Un vétéran au Sud
En Corse-du-Sud, c’est un baptême de feu électoral pour Paul Léonetti qui se présente dans la 1ère circonscription. Une candidature qui couronne 30 ans d’engagement nationaliste. Ce commerçant ajaccien sera accompagné par Vanina Buresi, une jeune mère de famille de 37 ans, originaire de Guagno et militante depuis 20 ans.
C’est, par contre, un vétéran, Paul Quastana, qui porte, de nouveau, le message du courant indépendantiste dans la 2ème circonscription. L’ancien conseiller territorial de Corsica Nazione y avait déjà, aux dernières législatives de 2007, brigué les suffrages des électeurs. Il sera, cette fois, assisté de Michel Giraschi, également membre de l’exécutif, candidat aux élections municipales et cantonales de Porto-Vecchio.
Un message d’émancipation
L‘objectif affiché de Corsica Libera, à travers ses quatre candidatures, est donc d’occuper le terrain électoral pour porter son message d’émancipation et de rupture dans toutes les régions de l’île en s’appuyant sur les fondamentaux du nationalisme.
« Nous allons, dans cette campagne, développer des thèmes, notamment liés à la citoyenneté qui est une revendication majeure et pourra permettre d’instaurer, grâce aux dix ans de résidence, des garde-fous dans notre société. Elle permettra de garantir l’accès privilégié à la propriété et à l’emploi aux citoyens corses. Les autres points fondamentaux sont l’évolution institutionnelle et la sortie de crise avec, bien sûr, la libération de tous les prisonniers politiques », commente Ghjuvan Filippu Antolini.
Le mouvement indépendantiste entend également s’engager dans la lutte contre la vie chère et présentera bientôt des propositions, notamment en direction des jeunes et des retraités. « Pour que les Corses puissent vivre décemment, dignement, sur cette terre », assure Parisa Paolantoni Semari.
« Il s’agit, pour nous, de changer la donne. Sans souveraineté, il n’y a pas d’avenir », résume Paul Léonetti.
Une élection difficile
Mais le combat électoral s’annonce difficile dans un scrutin où s’affrontent, non seulement les poids lourds de la classe politique traditionnelle insulaire mais où les leaders modérés risquent de rafler une grande part de la mise nationaliste. Les indépendantistes, tout en restant lucides, se veulent néanmoins confiants.
« Nous sommes conscients des difficultés de cette élection, mais nous sommes aussi confiants sur notre capacité à rassembler les Corses autour de notre projet. Nous nous attaquons à un système bien huilé, pernicieux, clientélaire, mais avec la force de nos convictions, avec notre mobilisation et celle de nos militants, nous sommes persuadés que nous serons le plus haut possible au soir du 1er tour », estime Petr’Anto Tomasi.
« L’enjeu », poursuit-il, c’est d’obtenir « véritablement un score très élevé de Corsica Libera » pour envoyer « un signal fort à Paris » et franchir « un pas supplémentaire » pour « une solution négociée entre la Corse, son peuple, les élus et l’Etat français ».
Les candidats et leurs suppléants s’apprêtent donc à sillonner chaque ville et village et à multiplier les réunions publiques. La campagne ne fait que commencer.
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