Mes chers amis, J’ai mal à votre Corse que je porte dans mon coeur depuis plus d’un un quart de siècle. 25% de votants ont choisi Marine Le Pen ce 22 avril 2012 ! Cela ne supporte aucune excuse.
Comment expliquer à ma famille du Maroc, de Palestine, d’Afrique du Sud, de Londres… cette dérive brune qui n’est digne ni de vous de votre histoire, si ce n’est par le silence complice de ceux d’entre vous qui ont depuis longtemps accès à la parole et aux médias mais qui n’ont pas cru utile d’en faire bon usage.
Etes‐vous fiers que l’on ne connaisse aujourd’hui de la Corse, patrie de Pasquale Paoli, que le tourisme et le racisme ? Personnellement je suis persuadé du contraire, mais votre silence et votre passivité m’indignent et m’inquiètent.
Il n’y a pas si longtemps, Le Pen était persona non grata chez vous. Aujourd’hui, sa fille, Marine semble avoir conquis les coeurs de nombreux d’entre vous. Les populations démunies que l’on a pris l’habitude de « cacher » à la périphérie des centres‐villes (Salines, Cannes, Empereur…), longtemps acquises à la cause (autrefois noble) nationaliste, trouvent dans les idées de l’extrême‐droite une alternative à leur mise au ban de la société. Les xénophobes bling‐bling, nostalgiques des colonies et de l’Algérie française, eux, en ont depuis longtemps fait une fierté nationale. Des, aveuglés par leur absence de vision, se complaisaient à nier fermement le fait qu’il pourrait arriver à la Corse de se lepéniser. Ils ont tort. Ils semblaient trouver dans la négation de cette réalité « brune » une réponse à leur
immobilisme. Et pourtant, la Corse s’ouvre à l’extrême‐droite ! Des signes avant‐coureurs laissaient présager cette montée alarmante déjà dans les années quatre‐vingt et l’assassinat crapuleux des tunisiens de la Rue des Trois Marie à Ajaccio, timidement dénoncé par des militants de l’époque (mis à part une minorité très vite diabolisée !). Les nationalistes de gauche ont depuis longtemps abandonné le combat politique. Les extrémistes de droite, adeptes du grand et du petit banditisme se sont vite engouffrés dans la brèche grandissante de la fracture sociale pour recruter dans les rangs des plus pauvres et des oubliés du système.
Au début des années 2000, de nombreux attentas racistes ont lâchement visé des immigrés maghrébins seuls et sans défense. A part quelques militants des droits de l’homme (Ava basta et LDH), beaucoup d’intellectuels reconnus, de personnalités qui se réclamaient de la gauche ont, soit nié la réalité de cette montée inquiétante de la xénophobie, soit ils l’ont justifiée, quand ils n’ont tout simplement pas cherché à contourner la question en dénonçant un hypothétique complot médiatique (vrai partiellement seulement) visant à dénigrer la Corse. Durant cette période noire j’ai fréquenté la Corse et j’ai vécu dans ma chair cette ce rejet haineux des gens de couleur. Un soir j’ai failli être victime d’une ratonade si je n’avais pu m’abriter, la peur au ventre, dans une chambre d’hôtel, sans que personne ne vienne à mon secours. Cette nuit‐là je me suis demandé si la fameuse hospitalité corse n’était plus qu’un mythe ou un simple fantasme. On voyait fleurir sur les murs des villes des
« Arabi fora » sans que l’on se donne la peine de les effacer, se contentant parfois de s’en indigner dans des dîners de ville pour mieux digérer la couleuvre de la bonne conscience.
Mes chers amis corses, je suis attaché à votre pays mais vous semblez vous en moquer ! L’un ou l’autre d’entre nous dira « tant pis » ou « c’est mieux ainsi » ? Pour ma part, ma culture ne me permet pas cette radicalité. Votre culture, à laquelle j’ai été partiellement initié, ne le permet pas non plus. Jusque là, je considérais votre pays comme ma deuxième patrie. Ma fille est à moitié corse, ma femme l’est à 100%. Ma belle famille corse m’est très chère, mes amis corses le sont autant. Mais ce silence complice, indigne de vous, adopté par vos élites politiques, vos intellectuels, vos humanistes porteurs – à ce que l’on sait‐ de valeurs universelles, cautionne la présence de cette herbe noire qui s’enracine petit à petit dans une
terre qui, tôt ou tard, la rejettera ou en mourra.
Amis silencieux, vous qui avez le pouvoir de la parole, de l’écrit, de l’image… il est temps pour vous de vous indigner OUVERTEMENT et de rejoindre la communauté des « hommes libres », celle des peuples qui savent prévenir la souffrance de leur société quand elle déprime et se condamne à l’autisme et au repli sur soi.
Chers amis, je m’adresse à vous au moment même où les jeunes de chez moi (vos voisins du sud) surprennent le monde entier par un réveil brutal à la vie et à l’avenir et vont de l’avant, confiants et déterminés, pour repousser au l’avancée des fondamentalistes de tout genre.
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