Les mots me manquent pour dire toute ma tristesse devant la mort de Jo Sisti et de Jean-Louis Chiodi, et transmettre à leurs familles mes condoléances émues.
Même si nous n’étions plus avec Jo dans le même mouvement , cela importait peu. Nous avons une amitié et un long passé politique commun qui se confond avec l’histoire de la revandication nationaliste. C’est pourquoi même si l’heure est au recueillement, il m’apparaît capital de donner à sa mort tragique, l’éclairage qu’elle mérite, car elle va bien au-delà d’un fait divers.
Alors que le mouvement nationaliste représente aujourd’hui en Corse, toutes mouvances confondues, la première force politique de l’ïle, et pourrait accéder à des responsabilités qu’il n’a jamais eues, bien que ce soit lui qui a créé les évolutions institutionnelles actuelles, une situation délétère se développe.
A qui profite le crime qui vient d’être perpétré sur Jo Sisti et Jean-Claude Chiodi ? A qui profite l’instrumentalisation médiatique qui en est faite, en Corse mais aussi dans l’hexagone assimilant diretment ou plus subrepticement une nouvelle fois mouvement nationaliste et banditisme ?
Dans un rapport officiel de 1999 sur la Sécurité en Corse, un ancien préfet adjoint de police dans l’île, Antoine Guerrier de Dumast, représentant de l’Etat, évoquait clairement la volonté de l’Etat de créer à dessein l’amalgame entre militants nationalistes et voyous, d’entretenir la confusion entre les deux sphères. Il en va tout autrement quand les assassinats ou les faits divers concernent des membres ou des proches de l’UMP ou de partis liés à la majorité présidentielle pourtant concernés par de multiples faits divers.
Aujourd’hui, comme hier, certains mécanismes sont en œuvre pour créer les conditions de dérives sanglantes qui, au-delà même des protagonistes impliqués visent à un seul objectif : l’éradication de la contestation nationaliste.
Dans les années 90, au moment des luttes fratricides, certains hauts fonctionnaires se réjouissaient en privé de la situation, créée elle -aussi de toutes pièces : « qu’il se tuent entre-eux, c’est tout bénéfice pour l’Etat ! ».
Dans un contexte différent aujourd’hui, mais installé avec la complicité de l’Etat sarkozyste, l’objectif est le même. Le constat est le même. C’est le sang corse qui coule et avec Jo, le sang d’un militant qui a participé à toute l’histoire du mouvement nationaliste.
Jo a été tué un dimanche de Pâques et dans un lieu qui a été le bastion de la renaissance autonomiste des années 70. Deux symboles qui rendent son assassinat encore plus emblématique, encore plus lourd de sens. C’est notre héritage culturel et politique, qui a été noyé dans le sang de Jo.
Devant une telle tragédie, il n’y a qu’une réponse à donner : BASTA CUSÌ. Opposons un front commun aux manipulations de tous ordres. Non aux amalgames. Non aux dérives conduisant à l’anéantissement de la lutte de notre lutte et de notre peuple, déjà si exsangue.
Innò à a tumbera trà noi !
Pierre Poggioli
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