Qui est Dominique Pasqualaggi ? Un allumé ? Un gourou ? Un nationaliste extrémiste ? C’est la question qui a plané vendredi sur la salle d’audience où siège, depuis déjà cinq jours, la cour d’assises spécialement composée.
Certes, la cour a pour mission de juger neuf hommes soupçonnés d’avoir participé à dix attentats commis en Corse et sur le Continent entre 2004 et 2006, mais la figure de Pasqualaggi domine incontestablement les débats.
En début de semaine, c’était Pasqualaggi le repenti, un homme qui ruminait la mort de son ami Alexandre Vincenti, déchiqueté à 24 ans par une bombe qu’ils avaient confectionnée et décidé de poser ensemble devant la trésorerie d’Aix-en-Provence. Mais hier, il a plutôt été question de Pasqualaggi l’inquiétant. Celui qui « intimidait » tellement Sébastien Giudicelli que ce dernier n’osait rien lui refuser. Quitte à lui servir de chauffeur au moment de déposer une charge explosive devant la demeure de la sœur de Paul Giacobbi.
Cette description, Giudicelli s’y était farouchement tenu lors de son audition devant les policiers de l’antiterrorisme. Les hommes de la Sdat (sous-direction antiterroriste), pour lesquels Pasqualaggi « ne constituait pas un objectif » avant l’affaire d’Aix-en-Provence, furent donc très intéressés par les déclarations concomitantes de Xavier Luciani.
Ce que disait l’ancien restaurateur ? Quasiment la même chose que Giudicelli. Pasqualaggi était décrit par Luciani comme « quelqu’un de très déterminé, animé de convictions politiques fortes et fasciné par les explosifs ». Ça, c’était en garde-à-vue. Hier, en fin d’après-midi, Xavier Luciani fut invité à revenir sur ces déclarations. Et l’homme, qui purge actuellement une peine de trente ans de prison pour le meurtre de Joseph Vicensini, n’a pas franchement édulcoré ses propos, loin s’en faut. Luciani, qui nomme systématiquement Pasqualaggi « ce monsieur », décrit « un caractère explosif et extrémiste ».
« Ce monsieur voulait constituer une petite armée, alors je l’ai parfois aidé à faire le nombre, c’est vrai », admet-il. Tout comme il lui a prodigué, lui l’ancien membre des commandos marine, quelques conseils en matière de confection d’explosifs. « Pourquoi avoir fait cela », l’interroge le président ? Les explosifs, c’était pour « lui éviter de tout faire sauter dans mon restaurant », prétend Luciani. « Avec son matériel et ses substances, il faisait le coq, il était fier, heureux de montrer ce qu’il pouvait faire », ironise-t-il. Pasqualaggi, assis à quelques mètres à peine, ne bronche pas. Tout juste devine-t-on la tension qui parcourt sa main au moment de se frotter la nuque.
« Je peux être condamné pour l’avoir laissé faire, pour avoir fait le nombre derrière lui », admet Luciani, tout en concédant qu’à ses yeux, la réelle utilité de Pasqualaggi était qu’il pouvait l’aider à résoudre son « problème » avec Vincensini. « En janvier, ce problème était résolu. Monsieur Vincensini est mort et j’ai été condamné à trente ans. » Le reste, visiblement, Luciani n’a pas l’intention de l’assumer pour couvrir Pasqualaggi. Un homme disait-il en garde-à-vue, « capable de demander à un gamin de déposer une bombe tellement il était allumé ». Les auditions se poursuivaient (vendredi) hier soir, dont celles, attendues, de Giudicelli et Pasqualaggi.
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