La défense de Guy Orsoni, mis en cause pour quatre assassinats et en grève de la faim depuis 44 jours, a jugé son état “dramatique” mardi, tandis que le juge qui instruit les dossiers défendait son action dans Corse-Matin en s’interrogeant sur celle du détenu corse.
“Sa santé est réellement en danger”, a estimé Me Frédérique Campana, la mère de Guy Orsoni qui est aussi son avocate, mardi lors d’une conférence de presse au siège de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) à Paris.
Transféré la semaine dernière après un malaise à l’hôpital de Grasse (Alpes-Maritimes), le détenu a réintégré lundi la prison de la même ville, après avoir refusé qu’on le place sous perfusion, a précisé le conseil.
Lorsqu’elle lui avait rendu visite il y a une semaine, “il était extrêmement affaibli, avait du mal à se tenir debout, à concentrer son attention, il restait la plupart du temps les yeux fermés”, a souligné Me Campana.
Mis en cause depuis avril 2011 dans trois dossiers d’homicides, dont un double, Guy Orsoni, 27 ans, a cessé de s’alimenter le 13 février pour dénoncer les conditions d’instruction de ces affaires par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille, en charge de la criminalité organisée.
Son père Alain Orsoni, ancien nationaliste devenu président du club de football Athletic Club Ajaccio, et deux proches de la famille l’ont rejoint en cessant de s’alimenter à leur tour, tandis qu’une importante campagne de soutien, relayée par la LDH, se mettait en place en Corse.
Coïncidence ? L’un des juges d’instruction en charge des dossiers à Marseille, Claude Choquet, régulièrement mis en cause sur l’île où les critiques sont récurrentes à l’encontre de la Jirs, a défendu son action mardi dans Corse-Matin, tout en s’interrogeant sur la finalité de l’action du détenu.
“J’y suis sensible et même inquiet car ces grèves de la faim concernent des jeunes gens et certains de leurs proches. Cela me navre. Mais je pose la question: est-ce que cela change quelque chose aux éléments des dossiers ?”, a-t-il dit dans une interview au journal.
Démentant toute “justice d’exception”, le magistrat a justifié ses méthodes d’investigation par l’importance des infractions visées en matière de banditisme corse, “sans commune mesure” avec ce qui peut se passer ailleurs.
“On dit que les juges de la Jirs ne sont pas indépendants, on nous compare aussi à la 14e section antiterroriste de Paris… C’est facile”, a-t-il estimé.
Interpellé en mars 2011 à Madrid après un an et demi de fuite, Guy Orsoni avait été mis en examen un moins plus tard pour quatre assassinats par armes à feu commis à Ajaccio et dans sa région en 2009, dont un double.
Remis en liberté dans ce dernier dossier, la défense ayant fait reconnaître le caractère “fantaisiste” d’un témoignage sous X qui l’accusait, Guy Orsoni reste détenu pour les deux autres alors que la plupart des mis en cause ont été relâchés, ce que la justice lui refuse, dénoncent ses avocats.
Ces affaires s’inscrivent dans une longue série d’homicides qui déciment le banditisme corse depuis 2006 et dans lesquels les policiers et la Jirs voient une recomposition du milieu insulaire. “On est dans un changement d’époque. Il y a un trou d’air (…) Ce qui est extrêment inquiétant, c’est la facilité avec laquelle on tue”, a souligné mardi le juge Choquet.
En début d’année, la LDH s’était déjà mobilisée autour d’une grève de la faim d’un autre détenu corse, Lisandru Plasenzotti, mis en cause dans une affaire de cache d’armes découverte à Ajaccio, instruite par le même magistrat.
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