Ils sont neuf à répondre d’une dizaine d’attentats commis entre 2004 et 2006 entre la Corse et le Continent. Pour la justice, ils sont ce qu’il reste de la cellule cortenaise du FLNC du 22 octobre. Hier matin, s’ouvre devant la cour d’assises spécialement composée de Paris, présidée par Philippe Jean-Draeher, le procès de Dominique Pasqualaggi, 38 ans, (présenté comme le chef de cette cellule clandestine) et de huit hommes accusés d’attentats et d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.
La voix de l’accusation de ce procès qui devrait durer trois semaines sera portée par l’ancien juge antiterroriste Jean-François Ricard qui avait notamment instruit la tentative d’attentat contre la chambre de commerce et d’industrie d’Ajaccio en 1996. Parmi la dizaine d’attentats à l’explosif, deux avaient visé la résidence secondaire d’Émile Zuccarelli, le maire de Bastia et celle de Paul Giacobbi. L’office de tourisme de Corte avait également été touché.
Deux morts au cœur du procès
Sur le banc des accusés, comparaissent à côté de « Dumè » Pasqualaggi, détenu pour autre cause, Marc Clément, Michel Ettori, Christophe Lafond, Stéphane Scarbonchi, Albert Serrand, Sébastien Giudicelli, Xavier Luciani et Joseph Sabiani. Ces trois derniers avaient été mêlés à l’assassinat de « Jojo » Vincensini, dont le cadavre avait été retrouvé sans tête, dans la région cortenaise, en 2005. Xavier Luciani avait été condamné à 30 ans de prison, Dominique Pasqualaggi, à 18 ans, Sébastien Giudicelli, à 15 ans et Joseph Sabiani à 3 ans de prison avec sursis.
Cette affaire crapuleuse sera en filigrane, puisqu’elle relie une partie des membres supposés du « 22-Octobre ». Car c’est une autre mort violente qui planera au-dessus de ce procès, celle d’Alexandre Vincenti. Le jeune Ajaccien âgé de 24 ans décédait dans l’explosion de l’engin qu’il avait disposé devant la trésorerie principale d’Aix-en-Provence, le 22 janvier 2006.
L’autopsie avait révélé un fort taux d’alcoolémie qui ajoutait à la confusion dans laquelle cette opération avait été menée. Car c’est bien en compagnie de Pasqualaggi qu’il aurait, selon l’accusation, arpenté les établissements de la nuit aixoise avant de se décider de commettre l’attentat qui visait « un symbole de l’État ». Dominique Pasqualaggi quittait les lieux après avoir dissimulé 3,5 kg de dynamite dans deux bouches d’égout.
Clandestin et paraplégique
Quelques heures plus tard, il était interpellé à l’aéroport de Marignane alors qu’il tentait de rejoindre la Corse. Placé en garde à vue, il niait être le chef de la cellule clandestine. Plus tard, il convenait que son voyage sur le Continent avait pour but de collecter des substances explosives auprès d’un entrepreneur.
Malgré les différentes versions, il restait taiseux sur son leadership au sein du FLNC du 22 octobre. En juin 2007, il sautait du troisième étage des locaux parisiens de l’antiterrorisme, alors qu’il était entendu en garde à vue, rattrapé par l’affaire de l’assassinat de « Jojo » Vincensini. Les circonstances exactes de cette défenestration ne sont toujours pas élucidées.
À la suite de cette chute, il devenait paraplégique : il souffre notamment aujourd’hui du syndrome de la queue-de-cheval. « Il est lourdement atteint par son handicap mais il veut comparaître comme un homme, il refuse de faire constater son état de santé », a souligné son défenseur, Me Pascal Garbarini, tout en notant « l’humanité du président qui en avait tenu compte ».
Pas un « bouc émissaire »
Si son client concède une association de malfaiteurs, il refuse d’être « un bouc émissaire ». La justice antiterroriste selon l’avocat n’aurait réussi à « faire plonger deux autres chefs du 22. » Sauf que le bagage intellectuel de ce docteur en archéologie aux convictions politiques très fortes n’en fait pas un suiveur, mais plutôt un meneur… « Connaître les églises romanes sur le bout des doigts ne donne pas des prédispositions pour être un chef clandestin », ironise Me Garbarini qui n’entend pas mener une défense politique, mais « judiciaire ». « Là, on est vraiment face à une justice d’exception et je prétends que l’on a voulu le rendre responsable en garde à vue de la mort de Vincenti et puis de Vincensini », fulmine le conseil. Il grillera d’autres cartouches à la barre. De même que les autres conseils qui réfutent que leurs clients appartiennent au FLNC du 22 octobre La cagoule taillée par l’antiterrorisme est-elle trop grande pour Pasqualaggi et les huit ?
Verdict attendu le 13 avril prochain.
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