L’assemblée générale de la fin février a mis fin aux « incertitudes », sonnant l’heure d’un « élan nouveau ». C’est en tout cas le message repris en chœur par les membres du nouvel exécutif face à la presse. Un clap de fin trop beau pour être vrai ?
« Le débat est clos ». Glissé au coeur du communiqué distribué à la presse insulaire, la petite phrase, noyée dans le flot du texte, interpelle. Doit-on comprendre que les brebis galeuses des courants minoritaires sont désormais rentrées dans le rang ? Ce lundi, au siège bastiais de Corsica libera, pas l’ombre d’un Paul-Félix Benedetti ou d’un de ses amis ex du Rinnovu, d’un Pierre Poggioli, ni même un membre de la liste de Michel Giraschi pour parler aux journalistes. Visiblement, à Corsica Libera, le ménage a été fait. Pour le meilleur ou le pire.
Tempête dans un verre d’eau. Il est loin le temps où le parti était un conglomérat de petits groupes indépendantistes. « La phase de construction étant terminé, assure François Sargentini, il n’est plus question d’être dans le débat permanent. » Message transmis. Craignant de perdre voix au chapitre, les courants minoritaires se sont battus pour maintenir une forme de pluripartisme au sein de Corsica Libera. Avec, dernier sursaut en date, celui relatif au renouvellement de l’exécutif, il y a une quinzaine de jours. Une bataille qui a finalement servi et touner en faveur de la majorité du parti, en asseyant définitivement son pouvoir. Les ex-Corsica Nazione menés par Jean-Guy Talamoni ont remporté le morceau.
Le dénouement, prévisible, voit désormais Corsica Libera resserer les rangs autour de la figure de son leader. « Le vote sans appel prouve bien qu’il ne s’agissait que d’une tempête dans un verre d’eau », tranche Talamoni lui-même. Fin de partie, donc, pour les ex du Rinovu ou de l’ANC, fin du consensus par la même occasion et victoire écrasante du noyau dur.
Testostérone. Pour Jean-Guy Talamoni, les dissidences internes n’étaient qu’un pétard mouillé. « J’étais incroyablement surpris par l’attitude de certains, s’insurge-t-il, rétrospectivement. Le renouvellement de l’exécutif tous les deux ans était prévu par les statuts de 2009. » A ses yeux, il n’y avait donc – et ne pouvait y avoir – nul sujet de discorde.
« La règle du jeu n’a jamais changé », martèle désormais le nouvel exécutif. « Le parti est en ordre de marche et ne permettra plus ce genre de revendications », renchérit avec énergie François Sargentini. Aux côtés de Talamoni, François Sargentini, frère de Noël, abattu en 1995 à Corte au cours de la guerre sanglante entre natios, incarne ce durcissement, avec, également sur le ring, un Pierre Paoli – référence de la boxe insulaire. A leurs yeux, nul doute que l’union fait la force. Et… réciproquement.
Quoi qu’il en soit, une page sev tourne pour le mouvement. Désormais concentré sur la prochaine étape : les urnes, avec les législatuives de juin.
Stratégie. Fort de ses succès à l’Assemblée – la langue corse et le PLU, par exemples, deux dossiers portés par Corsica libera ayant obtenu l’appui de la majorité -, le parti veut s’attaquer à la Constitution française. « Un passage obligé pour arriver à faire aboutir les dossiers », enfonce Jean-Guy Talamoni. Les législatives permettront ainsi aux nationalistes de se rapprocher de Paris et « des institutions françaises », et de peser dans le jeu. Dans cette optique, le mouvement regarde de l’autre côté de la Méditerranée, avec une stratégie (supra)nationale. D’ailleurs, pourquoi pas, au passage, rallier les Corses de la diaspora ?
Une stratégie, un parti, un leader… On le voit, désormais, Corsica Libera entend faire corps. Comme un seul homme, cela va sans dire.
16/03/2012 24 Ore n°343
Par Violène Mendonça
Photo : Pierrot Murati
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