Alors que quatre longs mois se sont écoulés depuis qu’ETA a annoncé la fin de son action armée et a appelé le gouvernement français à entamer un dialogue direct concernant les conséquences du conflit, ETA veut faire part à la société française de ses réflexions :
Après de longues années de confrontation armée, l’occasion de dépasser celle-ci est ouverte. Nous sommes face à l’enjeu de construire la paix juste et durable qui permettra la résolution d’un conflit historique et qui mettra fin définitivement à des décennies de souffrances.
Les décideurs français, dans leur discours, ont l’habitude de présenter le “problème basque” comme s’il s’agissait d’une question relevant de l’Espagne, occultant ainsi la responsabilité directe de l’Etat français.
Pourtant, autant la France que l’Espagne nient la réalité nationale d’Euskal Herria et le droit des Basques à décider de leur avenir. Le centralisme de l’Etat français ne concède aucune reconnaissance politique aux territoires du Labourd, Basse-Navarre et Soule et continue à faire la sourde oreille face à la revendication du Pays Basque pour un cadre institutionnel spécifique.
L’Etat français s’associe, par ailleurs, à l’Espagne dans sa stratégie répressive à l’encontre de la résistance basque, depuis le franquisme jusqu’à aujourd’hui. L’Etat français a été directement impliqué dans la guerre sale, dans les disparitions de militant(e)s basques et dans des cas de torture. Parfois, en fermant les yeux sur ces affaires et d’autres fois, en les protégeant sciemment.
Il persécute et arrête les militant(e)s qui travaillent en faveur d’Euskal Herria, ainsi que les réfugié(e)s politiques. Aujourd’hui, 140 prisonnier(e)s politiques basques sont dispersé(e)s dans les prisons françaises.
Le 17 octobre dernier, des personnalités de renom international ont signé la déclaration d’Aiete. A travers celle-ci, ils ont défini une feuille de route rassemblant les éléments pour la résolution du conflit et indiquant la responsabilité des deux Etats.
ETA a répondu positivement au premier point de cette déclaration, le 20 octobre. Tout en annonçant la fin définitive de son action armée, ETA en appelait aux gouvernements français et espagnol afin qu’ils ouvrent un dialogue direct dont l’objectif serait de résoudre les conséquences du conflit.
Jusqu’à présent, la seule réponse apportée par les responsables du gouvernement français a été d’affirmer qu’ils appliqueront ce que le gouvernement espagnol ordonne. Et au lieu de s’impliquer dans la résolution du conflit, ils ont continué dans la voie répressive, arrêtant des militants basques, maintenant la politique de vengeance envers les prisonnier(e)s politiques basques et remettant aux mains de l’Etat espagnol des citoyen(ne)s basques par le biais des mandats d’arrêt européen.
La majorité des acteurs politiques et sociaux du Labourd, Basse-Navarre et Soule se sont prononcés contre cette attitude. Au-delà des positions politiques divergentes quant au passé et à l’avenir, ils sont largement d’accord pour souligner que, face à cette occasion historique, des engagements et des actes de la part de la France sont nécessaires.
Pour toutes ces raisons, ETA considère qu’il existe une opportunité réelle de construire une paix juste, basée sur la résolution de ce conflit séculaire. Nous pensons que les citoyens basques espèrent que le gouvernement français réponde positivement à la possibilité de mettre fin définitivement aux conséquences du conflit, en entamant pour cela des discussions directes avec ETA.
Comme le stipule la déclaration d’Aiete, pour que la résolution soit ferme et durable, il convient aussi de répondre aux causes politiques qui sont à l’origine du conflit. ETA considère que les forces politiques, syndicales et sociales basques seront à même de trouver les accords politiques nécessaires à cela.
Nous pensons que la France a un rôle essentiel à jouer dans la résolution juste et rationnelle de ce conflit historique et nous sommes convaincus que c’est le souhait de la société basque.
Pour terminer, ETA tient à exprimer sa reconnaissance et sa gratitude à toutes les personnes qui, en France, ont soutenu et soutiennent la cause du peuple basque. ETA les invite à poursuivre leur effort afin de tirer pleinement profit de l’opportunité ouverte.
Gora Euskal Herria askatuta! Gora Euskal Herria sozialista!
Jo ta ke independentzia eta sozialismoa lortu arte!
Euskadi Ta Askatasuna – ETA – 22 Février 2012
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