Aussi nombreuse que disparate était la foule au meeting bastiais de M. Mélenchon. En introduction, Dumenicu Bucchini, utilisant à loisir a lingua nustrale, s’est livré à une description réaliste de l’état économique et social de la Corse, mettant en exergue l’accroissement de l’écart entre les richesses ainsi que les méfaits du tout-tourisme et de la spéculation. Et, cerise sur le gâteau, même si tout le monde garde en tête les grandes manoeuvres à venir de 2014, Dumenicu Bucchini a précisé son propos en militant pour la co-officialité des langues corses et françaises, l’autonomie et la libre administration de l’île. Cette ouverture politique, cette avancée indéniable, n’est pas sans rappeler celle de Maria Giudicelli sur le plateau de France 3 Corse qui lâcha quant à elle, du leste sur la question du statut de résident en Corse. Oui mais voilà, pour ceux qui ont la mémoire courte, elle fut hélàs contredite le lendemain même par ses amis du Parti Claniste Français de Haute Corse.
Quelle ligne a choisi Melenchon ?
Après un show brillant, quelques charges anti-lepenistes ainsi qu’une longue et juste explication des manœuvres de la finance européenne, enfin, dans les dix dernières minutes, la Corse fut abordée… ou plutôt sabordée selon les points de vue.
Dans la perspective de sa sixième République, arc-bouté sur un centralisme jacobin, M. Mélenchon souhaite « une France une et indivisible« : et de rajouter dans un grand moment d’enthousiasme et de lyrisme nationaliste français « Que ceux qui posent la question de savoir si pour travailler en Corse il faut être corse, à moitié corse ou pas corse du tout, sont des racistes ! A bas les Racistes« . Afin de ne laisser aucun espace, il précise également « Que la solution en Corse passe par le partage des richesses et non par l’adaptation du droit social« . C’est alors qu’il dénonce cette idée selon laquelle comme la France compte vingt deux régions, il y aurait donc risque de voir naître vingt deux droits du travail. Il développe en comparant cette situation possible avec celle les landers allemands, situation désavantageuse, selon lui, pour les travailleurs.
Pour clore le meeting, on a droit à la Marseillaise, ce qui change du « Diu vi salvi Regina » de Besancenot en 2007 sur Aiacciu.
Cela mis à part, M. Mélenchon est un grand internationaliste, enfin, pour les nations dominantes du moins. Dans ce cadre, il ne saurait y avoir de perspective de solidarité et de fraternité entre les peuples français et corse, non, juste un monologue ethnocentré entre le grand peuple de France et ses indigènes travailleurs de corses dont il achève la civilisation. Force est de constater que M. Mélenchon n’a pas fait des brouillons sectaires de Lénine sur la question ukrainienne, des Damnés de la terre de Fanon et du texte de Gramsci sur la question méridionale ses lectures de chevet. Non, M. Mélenchon, hussard de l’empire tricolore, veut achever la mission saint-simonienne, celle de ces penseurs de gauche qui cherchent à faire le bonheur des peuples sans les peuples dominés ou malgré eux.
Pour qui a la moindre miette d’honnêteté intellectuelle, la tonalité schizophrène du propos politique s’impose de manière éclatante durant ce meeting en distinguant un Bucchini d’un Mélenchon. Et pour les travailleurs sincères de ce pays qui en auraient encore le vertige, le mieux est de revenir aux fondamentaux, à une histoire plus récente, celle du grand résistant communiste Jean Nicoli dont le testament politique reste pour la postérité « Mortu pè a Testa Mora è u Fiore Rossu », décapité physiquement par les fascistes en 1943 et politiquement par M.Mélenchon en 2012.
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