Pour la première fois en quinze ans, il aura fallu seulement deux heures de route à Maria Santoni pour s’asseoir en face de son fils. Un moment vécu comme un soulagement. Une visite heureuse qui, le temps d’un bref instant, efface les nombreuses années de galère. Hier, cette mère de famille de 69 ans a poussé la lourde porte du centre pénitentiaire de Borgo pour bénéficier d’un premier parloir avec Charles Santoni sur les terres insulaires.
Condamné en 1999 par la cour d’assises spéciale de Paris à 28 ans de réclusion criminelle pour le meurtre d’un policier du RAID, un drame survenu le 16 avril 1996 à Ajaccio, le militant nationaliste était incarcéré sur le continent.
D’abord à Fresnes, à la Santé, puis à Arles et en dernière date à Lannemezan, dans la région Midi-Pyrénées, Charles Santoni est finalement le premier des militants nationalistes emprisonnés autorisé à purger la fin de sa peine dans l’île. En exécution d’une décision très attendue annoncée aux élus corses par la Chancellerie.
« Cela n’a plus rien à voir avec ce que nous avons connu »
« C’est un grand soulagement » a confié Maria Santoni à sa sortie devant la prison de Borgo. Avec sincérité et simplicité, cette mère de famille affectée par les nombreuses difficultés qu’elle a acceptées de subir pour continuer à voir son fils, est aujourd’hui une femme en partie apaisée.
Partagée entre la joie et l’émotion des retrouvailles – qui n’en sont pas en réalité – mais qui lui donnent l’impression que le plus dur est derrière elle.
« Les trajets étaient pénibles et incertains. Je me suis fait agresser plusieurs fois lors de mes trajets en train ». Maria Santoni marque une pause. Elle pose un regard sur ce qui l’entoure. Un paysage bien différent de ce qu’elle a pris l’habitude d’observer. L’enceinte et les barbelés, eux, sont toujours là. Elle ne cherche pas ses mots mais semble simplement ne pas réaliser ce retournement de situation.
« Cela n’a plus rien à voir avec ce que nous avons connu. Ce que nous avons vécu, » confie-t-elle dans un filet de voix. Maria Santoni relève légèrement la tête et dans un large sourire, elle confie : « Ici, Charles a la vue sur la mer. Il est enfin chez lui mais il ne faut pas oublier qu’il reste quand même en prison ».
Dorénavant Maria Santoni et sa famille pourront emprunter toutes les semaines la route qui rejoint Ajaccio à Borgo. « J’allais lui rendre visite sur le continent tous les mois, sans penser aux complications. Dorénavant je vais pouvoir voir mon fils une fois par semaine ».
Accompagnée du frère et de l’épouse de Charles Santoni, la mère du détenu rappelle que « ce n’est pas une faveur qui m’est faite, c’est un droit. Après toutes ces années, il était temps qu’il rentre », lance-t-elle avec conviction.
Marquée par toutes les démarches et le combat qu’il a fallu mener pour qu’elle se retrouve, hier après-midi, devant le centre pénitentiaire de Borgo, elle affiche une certaine fierté. « Heureuse » et libérée par ce soudain transfèrement, en femme solidaire et engagée dans le retour des prisonniers corses, Maria Santoni n’en oublie pas pour autant les autres détenus. C’est le cri d’une mère également condamnée par le sort de son fils qui rappelle qu’ils « sont encore nombreux incarcérés sur le continent. J’espère que comme l’a annoncé le garde des sceaux, ils seront prochainement de retour ».
Tout est dit ou presque…Mais c’est avec ses proches – famille et membres de l’associu Sulidarita – que Maria Santoni fera le récit de sa rencontre avec son fils.
Libérable en 2019, Charles Santoni, est-il satisfait d’avoir regagné sa terre natale ? Ce rapprochement va-t-il contribuer comme la loi l’envisage à sa réinsertion ? Réponse dans les prochaines années.
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