In Mimoria – Vincent Stagnara, infatigable avocat du nationalisme insulaire [Articles, Photos et Vidéos]

UnitaInfurmazione 2 January 2010 Comments Off on In Mimoria – Vincent Stagnara, infatigable avocat du nationalisme insulaire [Articles, Photos et Vidéos]

Le samedi 2 janvier 2010, le corps sans vie de Vincent Stagnara était retrouvé sans vie au pied de son immeuble. L’avocat bastiais aurait chuté accidentellement du 3 eme étage. Me Stagnara, 59 ans, était connu pour son engagement dans la défense de militants nationalistes depuis la fin des années 1970. “Vincent était généreux et dévoué, c’était un excellent confrère et un excellent avocat”, a indiqué Me Antoine Sollacaro, l’un des conseils d’Yvan Colonna. “Nous avons plaidé pendant trente ans côte à côte. Il s’est beaucoup investi dans la défense de militants nationalistes, il était bénévole comme nous l’étions tous”, a-t-il ajouté.

Le 4 Janvier 2010 : (Maria Lanfranchi – Alta Frequenza)Une foule immense de parents, d’amis, de collègues, de militants nationalistes était venue ce matin rendre un dernier hommage à Maître Vincent Stagnara, prématurément disparu samedi en début d’après midi à Bastia.Les obsèques de cet homme de conviction, de partage et d’engagement se sont déroulées dans une église Saint Jean Baptiste de Bastia trop petite pour contenir les nombreuses personnes présentes. L’évêque de Corse assisté de prêtres bastiais ont célébré un office ou les qualités humaines de Vincent Stagnara ont maintes fois été évoquées. L’inhumation a eu lieu dans le caveau d’Ersa dans le Cap Corse, village d’origine de Maître Stagnara

En 1976, il était l’avocat d’Edmond Simeoni, condamné à cinq années de prison pour l’occupation d’une cave viticole d’Aleria (Haute-Corse) un an auparavant qui s’était soldée par trois morts (deux militaires et un CRS) et des émeutes. Me Stagnara faisait partie des avocats de 21 militants du Front national de libération de la Corse renvoyés pour la première fois en 1979 devant la Cour de sûreté de l’Etat pour actes de terrorisme. Il avait assuré la défense de plusieurs membres du commando condamnés en 2003 pour avoir participé à l’assassinat du préfet Claude Erignac, le 6 février 1998 à Ajaccio.

Militant de Corsica Libera, et membre de l’Associu Sulidarità, Vincent Stagnara a été secrétaire général du mouvement indépendantiste A Cuncolta dans les années 1980 avant de participer à la création du parti indépendantiste Corsica Nazione en 1992 et à la mise en place de Corsica Libera en 2007.

Vincent Stagnara était un nationaliste convaincu et avait participé, dans sa ville de Bastia, à la dernière élection municipale en tant que président du bureau de Corsica Nazione.

Vincent Stagnara joue un rôle déterminant dans la ré-ouverture de l’Università di Corti :

(Source) Des coupures de presse, des archives personnelles nous permettent de redécouvrir la période militante des années 1960/70 quand l’ouverture de l’Université était un combat politique. En effet, il ne faut pas oublier que ces premières revendications naissent avec la création par les étudiants de Paris de l’Union National des Etudiants Corses (UNEC) en 1962 qui sous la houlette de Dumenicu Alfonsi, avec les Lucien Felli, Charles Santoni et bien d’autres, dressent un premier dossier pour l’ouverture d’une université en Corse. L’esprit festif, bien que politisé des années 1960, laisse la place, après le choc de 1968, à une radicalisation des revendications. Après les FEC et FREC, c’est surtout la création, le 17 novembre 1974 à Nice, de la Cunsulta di i Studienti Corsi (CSC), avec les Petru Poggioli, Bernard Pantalacci, Pantaléon Alessandri, Léo battesti, Petru D’Orazio, Antoine Peretti, Michel Castellani, Antoine Sollacaro, les frères Nicolai et les regrettés Natale Luciani, Vincent Stagnara et José Morellini, qui marque un nouveau pas dans cette revendication. Celle-ci, en réponse au contexte de l’époque, se fait alors plus violente. Ces deux générations jouèrent un rôle complémentaire et décisif dans le choix de Corti et le développement de l’université.

Vincent Stagnara, au-delà de ses plaidoiries les plus médiatiques, était un homme juste, droit, authentiquement passionné de tout, et toujours désireux d’aider. Un grand travailleur, aussi. (Source) Né en 1950, l’un de ses premiers procès fut celui d’Edmond Simeoni après l’affaire d’Aleria. Quelques années plus tard, en 1979, il fut l’un des défenseurs du procès dit des 21 : le premier procès des premiers militants clandestins du FLNC. Après cela, il fut de toutes les luttes et de tous les procès, à tel point qu’il a fait partie de la liste des cinq militants corses que les services secrets français voulaient assassiner (les quatre autres étaient Yves Stella, Pierre Poggioli, Alain Orsoni et Leo Battesti). Bâtonnier du tribunal de Bastia en 1985 et militant de la première heure qui avait commencé son engagement au PSU, puis à l’ARC, et, dans les années 1980 à la Cuncolta Naziunalista (dont il deviendra ensuite le Secrétaire Général), il fut l’un des avocats corses les plus célèbres et les plus doués de sa génération. Son fait d’arme le plus fameux fut, à la fin des années 1980, la condamnation de l’état français à la Cour Internationale pour faits de torture sur un indépendantiste corse : Félix Tomasi (demeuré 5 ans en prison pour rien !) Après la création de Corsica Nazione en 1992, il prit quelques distances avec le mouvement sans jamais renier ses idées (pas comme certains) demeurant toujours l’avocat brillant qu’il a toujours été. Dernièrement, il a participé à la création de Corsica Libera. Pour parler davantage de l’homme que de son œuvre, je dirais également qu’il était authentiquement honnête, bon, droit, et toujours prêt à aider les autres. Au contraire d’un trop grand nombre d’avocats qui ne défendent leur client que parce que celui-ci paie, il était un homme de conviction qui n’usait ses talents qu’à partir du moment où il l’estimait nécessaire. Au-delà de son engagement politique personnel, il était également passionné de tout ; de culture (il avait écrit plusieurs livres), d’histoires et de beaucoup d’autres choses. Il défendait également les victimes de l’amiante.

L’Associu Sulidarità rend hommage à Vincent Stagnara :

L’associu Sulidarità oramai hè per sempre urfanella di Vincenziu Stagnara, u so primu è fieru cumbattante di pettu à l’inghjustizia. Vincenziu, caru fratellu di fede, tutti quelli chì, à fiancu à tè, si sò battuti senza rifiatassi per difende i prigiuneri pulitichi corsi, portanu in core un dulore tamantu, quellu di u to dolu. Ci ferma per l’eternità a to mimoria, a to opera maiò, a to bravezza. Inseme emu luttatu, inseme emu avanzatu è simu fieri d’esse statu à fiancu à l’omu corsu, drittu, schietu è ghjustu chì tu fussi. O Vincenziu, chì ci manca digià. À Lea, à Antonu, à a so famiglia, à tutti i so amichi, À u so populu tantu amatu, à a Corsica sana, l’associu Sulidarità face e so parte. Associu Sulidarità

Corsica Libera lui rendra hommage dans un communiqué :

En ce 2 janvier, au delà de notre mouvement, c’est toute la Corse qui a perdu l’un de ses plus ardents défenseurs. Vincent Stagnara a été de tous les procès, de tous les combats, sans jamais ménager sa peine, parfois même jusqu’aux dernières limites de l’effort humain, poussé par ses deux passions, celle qu’il vouait à son métier d’avocat, et l’amour de sa nation. Le dévouement, la loyauté, la fidélité n’étaient certes pas les seules qualités qu’il avait mises au service de la cause nationale corse. Brillant défenseur, homme de culture et de partage, son humanisme, réel, concret, profond, le faisait toujours répondre à l’appel de la solidarité. Sa pensée, les principes qu’il a toujours défendus, demeurent des sources vives auxquelles continueront de s’abreuver les générations futures. Il reste à jamais à nos côtés, et, dans nos mémoires, son rire généreux saluera encore et toujours chacune des victoires de la nation corse.

Le FLNC lui rend hommage

Le 22 janvier 2010 : Le FLNC lui rendra les hommages militaires sur sa tombe fin janvier 2010, le commando de trois hommes du FLNC ont tiré une salve d’honneur et lu un texte devant la presse.

« Nous sommes ici pour rendre hommage à notre militant de toujours, Vincenziu Stagnara. A son épouse, à son fils, et à tous les siens, nous présentons nos condoléances. Au peuple corse, nous rappelons son exemple : celui d’un patriote ayant consacré sa vie à la défense de sa terre et au respect de son peuple.

Son courage, son intelligence et son humanisme continueront d’éclairer nos luttes et de nous guider sur le chemin de l’indépendance nationale.

Avvedeci O Vincenziu. Si per sempre à fiancu à noi ».

Hommage rendu à Vincent Stagnara par Jean-Guy Talamoni

Caru Vincenziu,

Comme tu le répétais volontiers toi-même, ta vie publique était marquée par deux passions, que rappellent ici ta robe d’avocat et le drapeau à tête de maure : la défense des hommes et l’amour de la Corse. Mais on pourrait dire également, en inversant les termes, « la défense de la Corse et l’amour des êtres humains », tant ces deux aspects de ton parcours – que j’ai eu la chance de croiser il y a trente cinq ans – étaient indissociables. Irrigué par de puissantes et profondes racines, pétri d’un humanisme qui n’a jamais été de façade, homme de réflexion et homme d’action, brillant intellectuel – sans que cette qualité ne devienne une fonction officielle -, pleinement engagé – sans exhiber cet engagement comme un étendard -, animé d’un extraordinaire courage et, en même temps, d’une sensibilité à fleur de peau, indifférent aux coups des adversaires mais si vulnérable à l’injustice d’un ami, c’était ta façon unique d’être présent au monde. Comme avocat, tu citais volontiers Eschyle. Tes plaidoiries puisaient à la source littéraire et philosophique méditerranéenne. Elles étaient servies par une voix puissante, irradiant une indicible chaleur humaine. Ta conception du métier, mais surtout de la Justice, faisait que tu ne confondais jamais celle-ci avec l’institution judiciaire, ni ton devoir avec les conventions sociales. Tu étais aux côtés de celui qui n’avait plus rien. Celui qui n’avait que ton verbe comme rempart. C’était déjà beaucoup. Comme politique, tu fus également plus qu’un aîné. Tu étais auprès de nous lorsque, à seize ans, nous écrivions pour la première fois sur un mur de Bastia ce simple mot qui portait toutes nos espérances, toutes nos aspirations collectives : « Libertà ». Libertà, ce mot merveilleux qui résonne de la même façon dans toutes les langues, celle de René Char ou celle de Simon Vinciguerra… Aujourd’hui, les hommages viennent de toutes parts, même de là où on ne les attendait pas. Faut-il s’en étonner ? Non, car la vraie valeur finit par s’imposer à tous. C’est bien ainsi. Et nous, tes amis, nous te pleurons. Avec Lea, ton épouse, avec Antò, ton fils, avec ta mère et tous les tiens dont nous sommes… Nous te pleurons mais nous méditons aussi sur ta vie d’homme et de chrétien. Dans notre langue, c’est d’ailleurs le même mot, « cristianu », qui désigne ces deux réalités. Et nous voyons dans cette vie, trop courte mais si riche, des raisons d’espérer. Aussi, nous pouvons te dire, à toi et à ceux qui viennent de t’accueillir là où la douleur s’éteint, reprenant les mots de ton ami Rinatu Coti : « Durmite puru. U mondu hè vivu : a cantanu i populi d’ogni mamma. Acqua è terra da impastà un omu umanu. »

Addiu, amicu caru.

Ghjuvan Guidu

 

Le 20 juillet 2010 : Motion : demande d’attribution du nom de Vincent Stagnara à une salle de l’UFR de droit de l’Università di Corsica. Le 2 janvier dernier nous quittait notre ami Vincent Stagnara. La foule immense qui accompagna ses obsèques témoigne du vide qu’il laisse dans la société corse et de toute l’estime que lui portait son peuple. Avocat par conviction, ardent défenseur de la Cause et de l’Homme, du Juste et du Bon, élu plus jeune bâtonnier de France à l’âge de 35 ans, Vincent Stagnara demeurera comme l’un des plus grands avocats corses de sa génération dans la lignée des Moro Giafferi. Passionné par son métier qu’il exerçait avec force et conviction, il constitue incontestablement un exemple pour les jeunes juristes en formation à l’Università di Corsica. Tout d’abord, comme le rappelait Me Jean-Guy Talamoni au moment de sa disparition, parce que son verbe était bien souvent le dernier rempart des plus démunis qu’il défendait fréquemment à titre gracieux ; mais aussi parce nombre de ses plaidoiries sont déjà entrées dans l’Histoire : en fustigeant la Cour de Sûreté de l’Etat à l’occasion du procès des patriotes corses en 1979 à Paris, en combattant inlassablement l’exception et l’injustice, en faisant condamner pour la première fois la France devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme dans l’Affaire Tomasi pour détention abusive. Son amour de la Liberté, que l’on retrouve comme une constante dans l’exercice de sa profession l’amènera naturellement à se faire un inlassable défenseur des droits du Peuple Corse. Sa volonté émancipatrice le verra adhérer aux luttes pour la réouverture de l’Università di Corsica. Au début des années 1980 il fut l’un des pionniers de l’Università di Corsica du XXè siècle en y enseignant le droit à ses premiers étudiants. Récemment encore, par un attachement viscéral à cette institution et un souci de formation des jeunes générations, il fréquentait les Universités Inter-âges auxquels il ne manquait pas de participer activement en Homme de culture qu’il était. Par tous ces aspects de sa vie, nous estimons que Vincent mérite que l’Università di Corsica et ses étudiants lui rendent humblement, par cet hommage symbolique, une petite partie de l’intérêt qui leur a consacré durant son existence.

Motion : Considérant son engagement en faveur de l’Università di Corsica, de sa réouverture jusqu’à nos jours ; Considérant ses qualités d’Homme et d’avocat : Considérant son engagement en faveur des plus démunis afin que leur cause ait accès aux prétoires ; Considérant la reconnaissance par ses paires de son statut d’éminent juriste comme en témoigne son accession à la fonction de bâtonnier à l’âge de seulement 35 ans – devenant ainsi le plus jeune bâtonnier de France ; Considérant son combat perpétuel en faveur des droits de la défense ; Le Conseil d’Administration de l’Università di Corsica Décide : De baptiser l’actuelle salle 001 de la Faculté de Droit, Sciences économiques et Gestion du nom de « Vincent Stagnara ».

VINCENT STAGNARA en quelques photos

VINCENT STAGNARA en quelques vidéos

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