La septième réunion de la commission ad hoc de l’assemblée de Corse se penchera sur la fameuse motion de François Tatti, proposant de condamner la renvendication du mouvement clandestin
L‘acte de justice » du FLNC sera-t-il condamné par la classe politique ? La question est sur toutes les lèvres depuis que la commission chargée de la réflexion sur la violence a décidé de s’emparer du problème, à travers la « motion Tatti ». Condamnation, explication, justification, dégagement… L’heure pourrait être au grand déballage à huis clos lors de la prochaine réunion de la commission ad hoc, prévue demain, de 9 heures à 18 heures au musée de Corte.
On se souvient que l’intervention du conseiller territorial radical avait créé la polémique à l’assemblée de Corse, en décembre dernier. François Tatti avait déposé un texte dans lequel il invitait ses collègues à condamner tous les actes criminels commis en Corse. Outre le fait de demander à l’État d’user de tous les moyens régaliens à sa disposition pour mettre un terme à l’escalade meurtrière, François Tatti souhaitait également – et c’est inédit -, condamner « la revendication par laquelle le FLNC a tenté de légitimer un assassinat en le qualifiant d’acte de justice ». Le mouvement clandestin venait, en effet, de revendiquer l’assassinat de Christian Leoni, abattu le 28 octobre à Moriani.
Discussions à huis clos
En fustigeant – en conférence des présidents – « l’incroyable justification de l’un des assassinats par le FLNC »,l’élu de gauche espérait ouvrir un débat sur le sujet à l’assemblée de Corse. « La gravité de cet acte, par lequel un groupe politique clandestin s’érige à la fois policier, juge et bourreau, appelle une réponse ferme et définitive »,argumentait l’élu, proposant ainsi une « position claire ».Que nenni a rétorqué la majorité des présidents de groupe, gênés par de telles propositions. Malgré l’actualité brûlante, elle a préféré renvoyer cette délicate motion (déposée officiellement hors délai légal), ainsi que les commentaires qui auraient pu en découler, en commission « violence ». Jugeant « un débat improvisé sur la violence, improductif », le président de l’assemblée de Corse avait “blackboulé” la problématique vers le huis clos de la commission spécialisée.
C’est donc demain à Corte que la commission ad hoc, présidée par Dominique Bucchini, débattra autour de la « motion Tatti » et de la revendication du FLNC. Les sept présidents de groupe développeront leur point de vue et échangeront leurs arguments tant sur la forme que sur le fond. À l’abri des caméras. Reste à savoir, si nos commissaires commenteront leurs discussions internes, et s’ils réagiront au communiqué du mouvement clandestin, à l’issue de la réunion. Sinon, la commission violence poursuivra sa feuille de route au cours de cette septième réunion, la première de l’année 2012. S’étant donné comme objectif de « rechercher les moyens d’une action collective efficace »pour lutter contre ce mal qui gangrène la Corse, la commission auditionnera de nouvelles personnalités pour aborder ou d’approfondir certaines thématiques incontournables. On parlera donc des violences faites aux femmes ; de la lutte contre la drogue ; de l’aide aux victimes de la violence ; de l’atteinte aux droits de l’homme ; de la délinquance et des violences sur le territoire Corse du point de vue des personnels de terrain. Dernier point à l’ordre du jour : la recrudescence des assassinats perpétrés en Corse. Vaste sujet d’actualité.
De nouvelles auditions
Tout au long de la journée, des spécialistes se succéderont devant les commissaires : Marie-Ange Susini, déléguée régionale aux droits des femmes, Béatrice Pueyo, coordonnatrice-animatrice du CIDFF de Corse-du-Sud, Francine Grilli, directrice du CIDFF de Haute-Corse, Denis Luciani, de l’association de lutte contre la drogue, Raphaël Vallet, secrétaire départemental Unité-Police FO. M. Mattei, président de Corsavem, association d’aide aux victimes de la violence et André Paccou, président de la section corse de la LDH, seront également entendus.
Après un an d’existence, la commission semble approcher de plus en plus près du « terrain ». Disposant à présent d’un état des lieux quasi complet, elle peut s’atteler à jouer ce que Dominique Bucchini nomme « la deuxième mi-temps du match »: les propositions et les actions.
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