Se contentant de « prendre acte » du dernier communiqué de revendication du FLNC, Corsica Libera a préféré rappeler ses propositions pour changer la donne : contrôle des fonds publics et citoyenneté corse. Les indépendantistes n’ont jamais condamné la moindre action clandestine, ils n’allaient pas commencer hier. Se gardant même de faire le moindre commentaire sur la revendication d’un assassinat par le FLNC, les élus et militants de Corsica Libera ont d’entrée précisé que l’objet de leur conférence de presse, donnée hier, à leur local cortenais, était ailleurs. « Ce que nombre d’observateurs appellent désormais la dérive mafieuse ». Sa participation aux travaux de la commission violence de l’assemblée de Corse, le mouvement l’a évoquée. « Nous comprenons la déception manifestée par de nombreux Corses qui souhaiteraient que des mesures soient prises. Pour notre part, nous avons présenté à la fois notre diagnostic de la situation, et des propositions concrètes pour y remédier »,a rappelé Pierre-Antoine Tomasi qui n’a pas manqué par ailleurs d’accabler l’État, grandement responsable de la situation aux yeux des nationalistes. « En engageant l’ensemble de ses moyens répressifs contre le mouvement patriotique, il a laissé prospérer les groupes mafieux et se développer le trafic de drogue. Les élus clientélistes portent également leur part de responsabilité, notamment ceux qui ont parlé de « désanctuariser la Corse ». Pour le mouvement indépendantiste, il s’agit là d’un signal reçu cinq sur cinq par les spéculateurs mafieux. « Ils ont immédiatement entrepris de mettre l’île en coupe réglée. Qui peut prétendre aujourd’hui que les activités de construction sont demeurées des professions libérales et que n’importe quel Corse honnête peut s’y livrer en toute quiétude ? »Un domaine d’activité qui, de l’avis de Jean-Guy Talamoni, révèle aujourd’hui l’ampleur du mal qui a gagné la société insulaire.
« Aujourd’hui, certains abandonnent carrément le métier pour lequel ils ont été formés dans le but de se lancer dans l’immobilier. Cette société est malade ». « Ne plus se limiter au constat » Un contexte que Corsica Libera ne voit évoluer que dans une seule voie, celle qui réunit les conditions « d’un développement économique maîtrisé ».Rappelant sa contribution à l’action pour l’abandon du précédent Padduc, son implication pour que le prochain document soit opposable au PLU, Corsica Libera est également revenu sur deux de ses propositions.
« La création d’un organisme de contrôle des fonds publics et d’évaluation des politiques publiques placé sous l’égide de la CTC »,a détaillé Josepha Giacometti avant d’ajouter :« La mafia, au sens strict, c’est la jonction entre le banditisme, le monde des affaires et celui de la politique. Il appartient donc à la CTC de faire en sorte de ne prêter le flanc à la moindre suspicion en faisant régner la plus grande transparence dans son action ».Puis, considérant que les assassinats étant pour la plupart liés aux activités immobilières, les nationalistes voient l’institution d’une citoyenneté corse comme un rempart. « Pour faire baisser les prix, donc les enjeux liés à la construction. Seule une action résolue permettra d’assainir la situation ». Toujours autant attaché à « une solution politique »de nature à inverser une inquiétante tendance, Corsica Libera compte sur des mesures concrètes. « Nous ne pouvons plus nous limiter au constat »,a conclu François Sargentini.
Comments are closed.