C’est une ligne de conduite non écrite qui s’applique depuis 35 ans. Le FLNC – sauf exception – ne s’attaque pas aux personnes. Certains de ses membres ont pu y déroger au cours des décennies passées. L’organisation, pour sa part, n’a que très rarement endossé les actions homicides. Chaque fois que cela a été le cas, le mouvement clandestin s’est attaché à donner une signification politique à ces actes. Et cela a été dans le cadre d’un durcissement du ton et des actions envers ceux que le « Front » considère comme ses « ennemis ». Durant des mois.
€ 13 septembre 1983, Pierre-Jean Massimi est abattu près de son domicile à Bastia.
La victime était le secrétaire général du conseil général de Haute-Corse et avait rang de sous-préfet. Le 21 septembre de la même année, le FLNC revendique cet assassinat. Dans le cadre de la lutte contre les « barbouzes ». L’affaire Bastelica-Fesch ne date que de trois ans en arrière et l’organisation clandestine est (sans doute à raison) persuadée qu’elle fait l’objet de tentatives d’infiltrations de la part d’agents du renseignement. Le mouvement n’a que sept années d’existence et concentre ses actions contre les symboles de l’État en multipliant les « nuits bleues ». Une politique qui a longtemps perduré.
€ 2 janvier 1986, Mohamed Sara Sgatni et Hassan Saari sont exécutés rue des Trois-Marie à Ajaccio.
L’assassinat des deux ressortissants tunisiens est revendiqué onze jours plus tard, le 13 janvier. Le FLNC assure qu’il entend ainsi lutter contre le trafic de drogue. Les slogans « a droga basta » et « a droga fora » fleurissent sur les murs de toute l’île. Des tee-shirts les reprenant sont imprimés par les associations nationalistes. Cette dimension de lutte contre le trafic de stupéfiants (abandonné par la police selon les mouvements nationalistes) est toujours en vigueur aujourd’hui.
€ 15 juin 1993, Robert Sozzi est abattu par des tirs de fusils de chasse.
La victime était employée de Bastia Securità, elle était membre d’a Cuncolta naziunalista et du FLNC. Après le drame de Furiani, elle s’était opposée à la frange du mouvement qui « protégeait », l’ancien président du Sporting, Bernard Filippi. Le 8 août de la même année, lors des Ghjurnate di Corti, le FLNC canal historique revendiquait l’exécution de l’un des siens et inventait le concept de « légitime défense préventive ». A la tribune, le bureau d’a Cuncolta applaudit à la mort de l’un des siens. La guerre entre mouvements nationalistes qui a suivi a causé une quarantaine de morts.
€ 28 octobre 2011, Christian Leoni est assassiné à San Nicolao di Moriani.
Les faits ont lieu quatre mois jour pour jour après l’assassinat de Charles-Philippe Paoli, membre de l’exécutif de Corsica Libera. La revendication est arrivée hier. Encore sous le choc de la guerre fratricide des années 90, l’organisation clandestine n’avait plus revendiqué d’exécution depuis 18 ans.
Le 10 juillet dernier, renouant avec la pratique – devenue très rare – de la conférence de presse clandestine, elle avait annoncé la couleur : elle ne laisserait personne s’en prendre à ses militants. Plus largement, le FLNC estime depuis des années que l’État, en privilégiant la lutte contre les nationalistes, a laissé se développer le grand banditisme. L’incapacité de ces mêmes services de l’État à résoudre les homicides en série qui touchent la Corse depuis le milieu des années 2000 n’avait pas fait réagir le mouvement clandestin. Jusqu’à ce que l’un des siens soit frappé. Le FLNC se défend de vouloir « militariser l’espace politique ». Mais il ne s’agit justement plus là de politique. Et seul l’avenir dira si cette action est isolée ou si l’organisation clandestine a l’intention, comme en matière de drogue dans les années 80, de se substituer à la police et à la justice…
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