La spirale de la violence s’accélère en Corse où, en moins de trois semaines trois hommes ont été tués par balles et quatre autres personnes, dont une fillette de 11 ans, grièvement blessées, gangrénant une île devenue particulièrement sujette aux réglements de comptes meurtriers.
Dix-huit hommes et une femme ont été tués et une douzaine de tentatives de meurtres ont été enregistrées depuis le début de l’année en Corse dont la population n’est que de 300.000 habitants, un bilan comparable à celui de la Sicile où vivent 6 millions de personnes.
Jeudi, Antoine Santucci, un éleveur de porcs de 63 ans, a été tué par balles au volant de sa voiture sur la place de son village de Penta-Acquatella, en Haute-Corse. L’un de ses voisins, un ouvrier roumain de 40 ans, Nicolae Teodorescu, a été grièvement blessé, visé à son tour, selon les enquêteurs, parce qu’il avait peut-être aperçu les tueurs.
Les deux victimes étant inconnues des services de police, les enquêteurs ont écarté l’hypothèse d’un règlement de comptes lié au grand banditisme et évoqué une querelle d’ordre privé.
Le 8 novembre, c’est le dirigeant d’une société de sécurité, ancien militant nationaliste, Yves Manunta, qui échappait miraculeusement à une tentative d’assassinat près de chez lui à Ajaccio. Mais les tueurs blessaient sérieusement de plusieurs balles sa femme et sa fille de 11 ans qui étaient à ses côtés en voiture. Pour M. Manunta et son avocat, dans cette nouvelle escalade de la violence, il y avait bien volonté de tuer toute la famille.
“En l’espace de deux journées, une déferlante de violence a remisé coutumes et soi disant valeurs ancestrales de cette île dans un tiroir dont on a sans conteste perdu la clé”, a écrit jeudi le journal Corse-Matin soulignant que désormais femmes et enfants ne sont même plus épargnés par les tueurs.
Une ancienne élue municipale de 55 ans, Marie-Jeanne Bozzi, est ainsi tombée sous les balles, en plein jour, le 21 avril, sur un parking de Porticcio, près d’Ajaccio.
Alors que plus de 300 personnes ont été victimes d’homicides en Corse depuis une quinzaine d’années, très peu de ces affaires sont élucidées.
Presque toutes les régions de l’île sont entraînées dans la spirale du crime de sang. Mais trois zones sont particulièrement concernées, le golfe du Valinco, autour des villes de Sartène et Propriano, Ajaccio et ses environs, en Corse-du-Sud, et la plaine orientale, au sud de Bastia, en Haute-Corse.
Les causes des homicides sont diverses: règlements de comptes liés au grand banditisme sur fond de contrôle des juteux marchés de l’immobilier, de la spéculation foncière, du contrôle de certains commerces (hôtellerie, restauration) et du trafic de stupéfiants, mais aussi querelles d’ordre privé ou vengeances personnelles.
Pour un enquêteur, “la décomposition du milieu traditionnel et la circulation de capitaux importants liés au tourisme et à l’immobilier, sur fond de crise économique, a ouvert des appétits sans limite et le crime de sang est devenu un marché pour des équipes de tueurs, souvent très jeunes”.
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